Résumé : |
(Auteur) La production de cartes topographiques à partir d'imagerie satellitaire a longtemps été limitée à des zones pilote. Elle n'a émergé de façon opérationnelle qu'avec l'arrivée sur le marché de capteurs à haute ou très haute résolution au début des années 2000. Dans ce contexte, SPOT5, lancé en 2002, est un outil unique qui répond aux besoins de production cartographique à des échelles allant jusqu'au 1: 50 000, et même jusqu'au 1: 25 000 dans certains pays, grâce à sa haute résolution (2.5m ou 5 m), ses capacités d'acquisition stéréoscopique et sa large fauchée (120 km). Nous illustrerons son potentiel par la présentation du projet PCS200 de cartographie du Sénégal. Dans ce pays comme dans la majeure partie de l'Afrique centrale et de l'Ouest, la cartographie au 1 : 200 000 est l'échelle la plus grande couvrant l'intégralité du territoire. La plupart des cartes ont été publiées et, pour certaines d'entre elles, révisées entre les années 1955 et 1980. Seules quelques feuilles ont été mises à jour plus récemment. L'obsolescence et la précision (à la fois planimétrique et altimétrique) de ces cartes ne correspondent plus aux exigences modernes de qualité de l'information géographique. PCS200 est le projet de réfection complète de la cartographie au 1: 200 000 et de production de la base de données cartographique vecteur du Sénégal. Ce projet, contracté à IGN France international au bénéfice de la DTGC à Dakar, a été financé par le Fonds européen de développement. Il a commencé en 2004 et s'est achevé en juin 2008. Il est basé, pour la planimétrie, sur l'interprétation d'images SPOTS panchromatiques à 5m de résolution, fusionnées à des images Landsat 7 multispectrales à 30 m. La nouvelle altimétrie (courbes de niveau, points cotés, estampage du relief) est dérivée d'un MNE produit à partir de données MRS de SPOT5. La DTGC, en partenariat avec IGN France, a bénéficié d'une chaîne de production cartographique de qualité, efficace et économique. 27 nouvelles cartes (1°x1°) ont été publiées (impression offset, pliées) et la base de données vecteur correspondante est disponible sur l'ensemble du pays (environ 200 000 km). Ce projet a donné l'opportunité de changer le système géodésique de référence des cartes pour le système WGS84 (projection MTU zone 28). D'un autre côté, les satellites de résolution métrique ou sub-métrique (IKONOS, Quickbird, Worldview-1 & 2, Geoeye-1, Kompsat...) permettent la production de cartes topographiques jusqu'à l'échelle du 1: 5 000. Nous présenterons une partie du projet « Topofoncier » dont l'objectif était de produire des cartes topographiques à l'échelle du 1: 5 000 sur certaines îles de Polynésie française, à partir de couples stéréoscopiques d'images IKONOS. Dans cette région isolée, les distances entre îles ou atolls ainsi que la couverture nuageuse rendent très difficile l'acquisition de photographies aériennes. C'est pourquoi, dans le cadre du projet « Topofoncier » (2003-2008) dont l'objectif était de compléter la cartographie à grande échelle de cet immense territoire, IGN France a utilisé des couvertures monoscopiques (pour les atolls, dont le relief est quasi nul) ou stéréoscopiques (pour les îles hautes) d'images IKONOS (1 m couleur). Sur douze îles ou groupes d'îles, situés principalement dans l'archipel des Marquises (Tubuai, Râpa, Rurutu, Raivavae, Rimatara, Nuku-Hiva, Mangareva, Ua Huka, Ua Pou, Hiva Oa, Tahuata, Fatu-Hiva), et après compensation géométrique en blocs, les couples stéréoscopiques ont été restitués photogrammétriquement pour produire 114 feuilles à l'échelle du 1 : 5 000, représentant environ 1150 km de surface terrestre. Ces deux chantiers de production prouvent que la cartographie spatiale est entrée dans une phase de maturité. Alors que les nouveaux capteurs qui viennent ou qui sont en passe d'être lancés (WorldView2, Geoeye-2, Pléiades, SPOT6...) sont de plus en plus performants en termes de résolution, d'agilité, de fauchée et de capacité d'acquisition stéréoscopique, nous pouvons affirmer que l'usage de l'imagerie satellitaire pour la cartographie topographique va se renforcer dans les années à venir. |