Résumé : |
(Auteur) A l'aube du XMème siècle, l'équilibre entre le développement des populations et la protection des ressources naturelles est une préoccupation majeure de la communauté scientifique et des gestionnaires du territoire. Connaître l'état des ressources suite aux impacts anthropiques et naturels est nécessaire pour parvenir à cet équilibre et à un bon aménagement du territoire. Le présent travail évalue l'apport d'indicateurs spectraux, spatiaux et temporels issus de la télédétection de faible résolution spatiale pour la connaissance, à l'échelle régionale, d'une caractéristique du couvert i.e. le niveau de perturbation du couvert actuel par rapport au climax (ici la forêt dense). Des méthodes utilisant ces indicateurs et des données de haute résolution spatiale, sont ensuite proposées pour générer des cartes annuelles basées sur cette caractéristique. Ce travail est réalisé avec des données NOAA-AVHRR à 1km des années 1990-1992, huit données Landsat TM et une SPOT, sur la ceinture équatoriale Asiatique-Pacifique, zone où le couvert nuageux est un handicap pour la télédétection visible et infrarouge.
Quatorze types de couverts, allant de la forêt dense aux cultures et savanes, sélectionnés sur la base d'informations dérivées de la littérature, sont ordonnés selon une échelle de niveaux croissants de perturbation du couvert forestier grâce à des variables représentant des caractéristiques du couvert, des facteurs anthropiques et naturels. Le type de relation entre cette échelle et les réflectances des canaux AVHRRI et 2, les indices de végétation (NDVI et GEMI), le canal AVHRR 3 et la température de surface T, est examiné pour les saisons humide et sèche. Ce travail met en évidence les performances de T, et du NDVI, ainsi que la forte corrélation de T, et de AVHRR3. La saison sèche apporte la meilleure discrimination des niveaux de perturbation. L'information saisonnière qu'apporte T, permet une meilleure discrimination que celle apportée par le NDVI sauf pour les mosaïques forestières. Enfin, la variance spatiale locale du NDVI en saison humide apporte une information supplémentaire sur l'hétérogénéité locale du paysage liée à l'échelle des perturbations.
L'analyse de la séparabilité spectrale montre que la combinaison de T, aux deux saisons ainsi que du NDVI à la saison sèche et de sa variance à la saison humide offre la meilleure discrimination possible des niveaux de perturbation. La méthode, basée sur la classification automatique utilisant ces indicateurs, permet de réaliser une carte de dix niveaux de perturbation sur l'île de Nouvelle Guinée. Dans le cas où la couverture nuageuse est élevée, l'obtention de cartes annuelles nécessite l'application d'une autre méthode complémentaire, basée sur une combinaison multitemporelle de classifications avec le NDVI et Ts (ou AVHRR3), utilisant toute la série d'images disponibles. Elle est appliquée sur Sumatra, la Malaisie, Bornéo et Nouvelle Guinée et permet de réaliser une carte quasi-complète de trois niveaux de perturbation.
Une approche hiérarchique combinant ces cartes avec les classifications de données de haute résolution et avec l'échelle des niveaux de perturbation, est proposée. Elle s'avère pertinente pour documenter la légende des cartes AVHRR. Son avantage est de permettre la généralisation spatiale de cette légende à toute la région. Le mode de classification et un taux d'échantillonnage plus homogènes des données de haute résolution amélioreraient les résultats de cette approche.
L'utilisation des cartes de niveau de perturbation est analysée pour mettre à jour des cartes existantes en estimant la proportion des niveaux pour chaque région, et pour renseigner sur la dynamique du couvert par régions naturelles et le changement du couvert en dix ans à Sumatra. La connaissance de la structure du paysage, nécessaire au diagnostic de l'évolution du couvert, est évaluée, localement par identification de types de fragmentation du couvert forestier, et régionalement en proposant une stratification de la carte de Nouvelle Guinée.
Les niveaux de perturbation qui sont donc reliés aux mesures de télédétection, traduisent le "stade écologique" et la régénération possible du couvert vers le climax. Les cartes obtenues constituent un diagnostic en soi sur l'état et la dynamique du couvert, et sont pertinentes comme paramètre d'entrée dans des modèles de déforestation. L'approche proposée peut constituer, dans de futures applications, une veille et un contrôle des surfaces, et aider à l'aménagement du territoire. |